les instruments à vent

la légende de Marsyas - sarcophage - marbre - Musée du Louvre © photo Patricia Carles

 

Comme en témoigne le mythe de Marsyas et Apollon tel que le rapportent Platon dans La République (III p 399 D) et Aristote dans le Politique [V (VIII) 6, 5-8], les instruments à vent viennent en seconde place, derrière les instruments à cordes, dans la hiérarchie des instruments de musique antiques. La légende a d'ailleurs inspiré le sculpteur de ce sarcophage du Louvre où l'on voit d'un côté Apollon, avec sa cithare et Marsyas avec son aulos, s'affronter pour obtenir les suffrages des Muses.

   
 Cela n'empêchait pas flûtistes et citharistes de jouer de concert, comme on le voit sur cette scène de conscription représentée sur le relief de marbre.

   
   
Bien des sarcophages du Louvre, associés, comme celui-ci, à la vie champêtre, montrent des joueurs d'aulos.

   
 A la différence de la cithare, dont le caractère culturel ne fait aucun doute, la flûte double est en effet systématiquement associée à la nature et aux débordements des satyres. Ce sarcophage du Louvre, où l'on voit un satyre charmer un serpent devant un hermès ithyphallique, rappelle que le discrédit dans lequel les Grecs tenaient la flûte vient sans doute de ses origines plus indiennes qu'européennes.

 
   
 Le Vase Borghèse, qui met en scène une bacchanale, fait figurer l'aulos aux côtés des danseuses, des joueuses de tambourin et des joueuses de castagnettes.

   
 L'utilisation de l'aulos est également attestée dans les sacrifices comme en témoigne l'autel du temple de Vespasien à Pompéi. Leur importance était telle qu'une grève des tibicines, à qui les censeurs avaient interdit, contre la coutume, de participer aux banquets dans le temple de Jupiter, compromit la tenue des sacrifices à Rome. Il fallut, si l'on en croit Tite-Live dans le Ab Urbe Condita (IX, 26-30) et Ovide dans Les Fastes (Les Petites Quinquatries - 6,649-710), les saoûler pour les ramener, contre leur gré, déguisés et masqués, de Tibur, où ils s'étaient exilés, à Rome.

 
   

C'est en mémoire de cet épisode que les joueurs de flûte défilaient déguisés en femmes et masqués, le 13 juin, jour des Petites Quinquatries, où l'on célébrait la fête de Minerve, qui était aussi censée avoir inventé cet instrument à partir d'os de cerf, au cours d'un banquet des dieux.

A la flûte double, s'ajoutent d'autres types d'instruments, plus élaborés, comme cette flûte que l'on voit dans la main gauche de la muse sur le sarcophage des Muses, au Louvre....

 
   
 La syrinx, plus rustique, doit son nom à la nymphe transformée en roseaux...

 
   
 la flûte de Pan est, par excellence, l'instrument des bergers, comme on le voit sur ce sarcophage du Louvre...

 
   
Les Romains connaissaient aussi plusieurs types de trompettes, la trompette droite, que l'on voit ici sur un sarcophage du Louvre, accompagnant lyre et pandura... Saint Jérôme, au Vème siècle, dans une lettre intitulée De diversis generibus musicorum instrumentis, désignait sous le nom de "tuba", plusieurs sortes de trompettes, celle qui convoquait le peuple, celle qui dirigeait la marche des troupes, celle qui proclamait la victoire, celle qui sonnait la charge contre l'ennemi, celle qui annonçait la fermeture des portes...

   
Une de ces trompettes, dont la description est assez confuse, avait trois anches d'airain et mugissait (mugitum proferi) par quatre pavillons (per quatuor vociductus xreos). La sambuque (sambuca), d'origine chaldéenne, était formée de plusieurs tuyaux de bois mobiles qui s'emboîtaient les uns dans les autres.  La trompette courbe, ou lituus, comme celle que l'on voit ici, entre les jambes du silène Marsyas, est sans doute la plus communément représentée sur les sarcophages du Louvre...

 
 
Comme la flûte, la trompette est discréditée par la déformation qu'elle impose au visage de celui qui souffle dans son embouchure. C'est sans doute aussi pour cela qu'elle est, elle aussi, associée aux satyres comme on le voit dans ce sarcophage...

 
 ... ou bien encore dans celui-ci. Il s'agit en effet d'un thème récurrent dans l'iconographie funéraire.

 
 La trompette s'emploie dans les circonstances les plus diverses, la guerre, comme nous l'avons dit plus haut, la vie civique mais aussi les divertissements comme on le voit ici dans cette mosaïque de Pompéi où un petit garçon joue d'une sorte de cor tandis que ses compagnons jouent des cymbales, de l'aulos et du tambourin.

 
 Elle servait aussi dans le rituel de la "conclamatio" que l'on trouve sur deux-bas reliefs du Louvre. Bien qu'il s'agisse de faux de la Renaissance, ils sont inspirés d'originaux romains