la légende de Sélénè et Endymion
Troisième ou quatrième décennie du IIIe siècle après J.-C.
Musée du Louvre Marbre
© photo Patricia Carles

 Ce sarcophage, découvert à Saint Médard d'Eyrans, en Gironde, en 1805, a été produit dans les ateliers romains au temps des Sévères. Il est resté inachevé, ce qui incite à penser qu'il a été exporté tel quel et que les visages des deux personnages principaux, restés à peine esquissés, devaient recevoir le portrait du défunt et de son épouse.  Il faisait pendant au sarcophage représentant Ariane endormie sauvée par Dionysos. Ces deux sarcophages témoignent d'un processus de descente sociologique de la représentation : alors que, sous les julio-claudiens, seuls les membres de la famille impériale jouissaient du privilège de recevoir des traits divins, les riches Romains des provinces n'hésitaient plus, sous les Sévères, à donner leurs propres traits aux dieux.

 Comme c'est souvent le cas, le sculpteur a choisi d'illustrer un thème mythologique permettant aux proches du défunt de se consoler de sa disparition en imaginant pour lui une vie après la mort. Selon la légende, le berger ou le chasseur Endymion, que l'on voit ici endormi, deux javelots à la main près d'une peau de mouton, habitait le mont Latmos. Il était si juste et si honnête que Jupiter l'admit dans l'Olympe. Mais le jeune homme s'étant enhardi à tenter de séduire Junon, Jupiter le condamna au sommeil éternel.

On dit que Diane, impitoyable de jour pour le malheureux Actéon, venait la nuit, sous les traits de Séléné, visiter le beau dormeur dans la grotte de Latmos et qu'elle conçut avec lui cinquante filles et un fils nommé Etolus. On voit ici la déesse qui s'avance vers son amant, un flambeau à la main, tandis qu'un de ses acolytes touche le front de celui-ci du bout d'une corne ou d'un sabot de corne : il lui donne ainsi la jeunesse éternelle. Endymion fut ensuite rappelé dans l'Olympe.  

Diane-Sélèné présidant à la multiplication des bêtes, un nombre considérable d'animaux se mêlent à la composition : deux chiens qui aboient à la lune (le chien était comme tel consacré à Diane-Sélèné), des moutons, des chevaux et des vaches. Mais elle est aussi associé à la germination, comme en témoigne la divinité portant une corne d'abondance, en bas à gauche de la cuve.

Les deux côtés de la cuve sont décorés : sur le côté gauche, le berger Endymion garde ses moutons, sur le côté droit, Séléné repart sur son char attelé de deux boeufs après avoir secrètement visité son amant.

 

 
 

 Sur le couvercle, à gauche, Endymion est reçu dans l'Olympe

 
A droite, on s'apprête à célébrer les noces du berger Endymion  

 

les sarcophages