Ce sarcophage,
découvert à Saint Médard d'Eyrans, en Gironde,
en 1805, a été produit dans les ateliers romains
au temps des Sévères. Il est resté inachevé,
ce qui incite à penser qu'il a été exporté
tel quel et que les visages des deux personnages principaux,
restés à peine esquissés, devaient recevoir
le portrait du défunt et de son épouse. Il faisait pendant au sarcophage
représentant Ariane endormie sauvée par Dionysos.
Ces deux sarcophages témoignent d'un processus de descente
sociologique de la représentation : alors que, sous les
julio-claudiens, seuls les membres de la famille impériale
jouissaient du privilège de recevoir des traits divins,
les riches Romains des provinces n'hésitaient plus, sous
les Sévères, à donner leurs propres traits
aux dieux.
Comme c'est
souvent le cas, le sculpteur a choisi d'illustrer un thème
mythologique permettant aux proches du défunt de se consoler
de sa disparition en imaginant pour lui une vie après
la mort. Selon
la légende, le berger ou le chasseur Endymion, que l'on
voit ici endormi, deux javelots à la main près
d'une peau de mouton, habitait le mont Latmos. Il était
si juste et si honnête que Jupiter l'admit dans l'Olympe.
Mais le jeune homme s'étant enhardi à tenter de
séduire Junon, Jupiter le condamna au sommeil éternel.
On dit que Diane,
impitoyable de jour pour le malheureux Actéon, venait
la nuit, sous les traits de Séléné, visiter
le beau dormeur dans la grotte de Latmos et qu'elle conçut
avec lui cinquante filles et un fils nommé Etolus. On
voit ici la déesse qui s'avance vers son amant, un flambeau
à la main, tandis qu'un de ses acolytes touche le front
de celui-ci du bout d'une corne ou d'un sabot de corne : il lui
donne ainsi la jeunesse éternelle. Endymion fut ensuite
rappelé dans l'Olympe.
Diane-Sélèné
présidant à la multiplication des bêtes,
un nombre considérable d'animaux se mêlent à
la composition : deux chiens qui aboient à la lune (le
chien était comme tel consacré à Diane-Sélèné),
des moutons, des chevaux et des vaches. Mais elle est aussi associé
à la germination, comme en témoigne la divinité
portant une corne d'abondance, en bas à gauche de la cuve.
Les deux côtés
de la cuve sont décorés : sur le côté
gauche, le berger Endymion garde ses moutons, sur le côté
droit, Séléné repart sur son char attelé
de deux boeufs après avoir secrètement visité
son amant. |
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