les instruments à cordes

La cithare d'Apollon - sarcophage des Muses - marbre Musée du Louvre © photo Patricia Carles

 

 Si l'on en croit la légende, l'invention de la lyre serait due à Mercure. Le dieu aurait découvert une carapace de tortue que les eaux du Nil, dans leur reflux, avaient abandonnée sur le sable. Les chairs ayant disparu, les nerfs, restés seuls, vibraient au souffle du vent, produisant une musique divine que Mercure eut l'idée de reproduire en pinçant ces "cordes" naturelles.

 
 La caisse de résonance de la "lyre" primitive était en effet formée d'une carapace de tortue sur laquelle on tendait une peau de boeuf ; les bras étaient primitivement des cornes de chèvre ou, chez les "barbares", d'antilope. La traverse ou "joug", qui relie les deux bras, était de chêne vert.

 
   
On confond souvent la lyre avec la cithare dont le son est moins grave. L'invention de la lyre est attribuée à Mercure, celle de la cithare à Apollon. La cithare n'imite en rien la carapace de la tortue, ses deux bras sont beaucoup plus massifs que ceux de la lyre et ne sont pas incurvés en forme de corne. Aristote distingue clairement les deux instruments ; il exclut, pour les jeunes gens, l'apprentissage de la cithare, qu'il juge trop difficile. A la différence de celles de la harpe, toutes les cordes de la lyre ou de la cithare sont de longueur égale ; seule la différence de grosseur et de tension de la corde produit donc la différence des sons.

   
L'existence de la grande cithare de concert dont l'invention est attribuée à Cépion, poète lesbien, élève de Terpandre, est attestée à la fin du VII° siècle ou au début du VI° sicèle avant J.C. La caisse de résonance, dans sa partie inférieure, a la forme d'un trapèze ; plate sur le côté qui reçoit les cordes, elle est fortement bombée de l'autre côté. La partie supérieure de l'instrument est formée de deux courbes concaves plus ou moins complexes. Les bras, souvent en ivoire, sont chevillés aux coudes de la cithare. La traverse, ou joug, sur laquelle s'enroulent les cordes de boyau est renforcée par des disques de bronze qui permettaient de jouer sur la tension de la corde et donc d'accorder l'instrument.

   
 Certaines cithares ont une caisse de résonance arrondie ou même rectangulaire. La base peut être renforcée d'une bordure en saillie pour poser l'instrument par terre ou sur un support. Il est probable que l'on ait cherché à renforcer le son de la cithare par des lames vibrantes de corne ou de cuivre appliquées sur la caisse. Les cordes de la cithare étaient en boyau ce qui explique le terme latin "fides", terme générique qui désigne indifféremment lyres et cithares et qui vient d'un vieux mot grec "sphidè" désignant le boyau.

   
 Le nombre des cordes de ces instruments a beaucoup varié. Selon certains auteurs, la lyre primitive aurait eu trois ou quatre cordes ; on connaît l'anecdote concernant les magistrats de Sparte interdisant à Terpandre d'ajouter une corde à son instrument ; le poète aurait néanmoins porté à sept le nombre des cordes de sa "phorminx" (en latin, "formix"). Les cordes graves semblent avoir été placées à droite de l'instrument, contrairement à ce que nous connaissons sur nos claviers modernes.

   
 Il y avait plusieurs manières d'accorder l'instrument. Les deux tétracordes pouvaient ou bien être conjoints par un son commun ou bien séparés par un ton ; dans ce cas, la lyre parcourait une octave entière ; le nombre de cordes fut ensuite porté à huit, neuf, onze et même, dès la fin du V° siècle, à douze cordes ; la lyre heptacorde disparut de Grèce mais fut conservée à Rome dans les cérémonies religieuses. A l'époque romaine, les cithares couvraient la double octave et les cithares à seize cordes permettaient même les modulations tonales ou modales.

   
Dans la citharodie, le citharède jouait de la main gauche seulement pendant qu'il chantait, en pinçant les cordes avec ses doigts, c'est ce que les Romains appelaient "intus canere" ; dès que le chant s'interrompait, le citharède utilisait le plectre ("foris canere"), la main gauche pouvait alors soutenir par des notes pincées le chant de la main droite dans le solo de cithare, le jeu à deux mains était la règle ; à la fin de l'antiquité, le jeu du citharède, avec le plectre, s'oppose, semble-t-il, à celui du lyrode, sans plectre.

   
Le plectre (pecten, pulsabulum) était attaché à l'instument à l'aide d'un cordon, on ne le détachait pas pour jouer ; il pouvait avoir plusieurs formes, pétales de fleurs, ou, comme sur l'un des sarcophages dyonisiaques que l'on voit au Louvre, phalllus.

 
   
D'autres instruments à corde existaient à Rome, entre autres la sambyque. Imitée de la harpe égyptienne, mais beaucoup plus petite, elle avait un son aigu, que les Grecs disaient efféminé ; méprisée par les Grecs, elle était très prisée à Rome ; on en voit une représentation sur l'une des fresques de Pompéi.

   
 La pandoura romaine, héritée du pandouris grec lui-même emprunté aux Egyptiens ou aux Mésopotamiens, est une sorte de luth dont l'existence remonte au V° siècle avant Jésus Christ. Elle jouit d'une popularité croissante dans le monde romain mais, à la différence de la lyre, elle était considérée comme un instrument vulgaire.

   
   
 Cordes et vents pouvaient se joindre.