Pour sortir de la grotte du Cyclope, j'imaginai une nouvelle ruse ; j'attachai chacun de mes hommes sous trois béliers liés de front tandis que je m'accrochai moi-même sous le ventre du plus gros d'entre eux. Polyphème n'y vit que du feu lorsqu'il tâta la toison de ses bêtes. Ayant réussi à échapper aux mains géantes du Cyclope, je continuai ma route jusqu'au domaine d'Eole et de ses douze enfants. Pendant un mois nous restâmes chez lui, puis je lui demandai la permission de partir. Il me remit une outre où étaient enfermés tous les vents, sauf le Zéphir qui devait nous ramener à Ithaque.

 

Après avoir quitté l'île d'Eole, nous naviguâmes sans relâche neuf jours et neuf nuits et je ne laissai la barre à personne. Mais le dixième jour, épuisé, je m'endormis. Mes hommes, eux, commençaient à me soupçonner de rapporter de l'or et de l'argent dans l'outre. Ils décidèrent de l'ouvrir et les vents nous ramenèrent d'où nous venions. Mais Eole nous chassa et nous reprîmes la mer six jours et six nuits. Nous abordâmes au pays des Lestrygons, des brutes qui tuèrent presque tous mes compagnons. Je réussis à fuir et à regagner la haute mer avec un seul navire.

Nous arrivâmes sur l'île d'Aiaié, où habitait la déesse Circé entourée de lions et de loups,victimes de ses ensorcellements. Nous fîmes deux groupes : j'étais le chef d'un groupe et Euryloque commandait le second. On jeta les sorts et ce fut le groupe d'Euryloque qui partit en reconnaissance chez Circé. Euryloque resta en arrière pour voir ce qui se passait. Circé, occupée à tisser de riches étoffes, accueillit les visiteurs avec amabilité mais, au cours d'un banquet, elle drogua mes compagnons.

 Touchés par la baguette magique de la déesse, mes hommes furent changés en pourceaux. Euryloque, qui avait tout vu, vint me faire son rapport et je décidai aussitôt d'aller trouver Circé. Je rencontrai alors Hermès qui me donna une plante magique pour me protéger des charmes de Circé. Voyant ses sortilèges sans effet, la magicienne rendit leur apparence humaine à mes compagnons. Nous restâmes là pendant un an. Sur les conseils de Circé, je partis à la rencontre des morts, au pays des Cimmériens, pour consulter le devin Tirésias.