Les mânes ou âmes des morts étaient considérées comme des divinités. On emploie le pluriel, même pour désigner l'ombre ou l'âme d'un seul individu. Tous les tombeaux étaient mis sous leur protection, et la plupart de ceux qu'on a découverts portent vers le haut de la face principale ces deux lettres : D. M., qu'on traduit par Diis manibus (aux dieux mânes).
"Flaminia souffrait, il le savait. Les mânes des assassinés ne retrouvent la paix que lorsque les coupables ont expié leur crime."
Les lémures étaient des génies malfaisants, à qui l'on prêtait des formes hideuses. Ils se plaisaient à effrayer et à tourmenter les hommes. Les Lémuries donnaient lieu à des pratiques bizarres : le prêtre, prenant des fèves plein sa bouche, les rejetait en s'écriant : " Je me délivre par ces fèves. " On trouve un écho de ces pratiques dans le roman.
"Un mois s'était presque écoulé. On allait célébrer la dernière fête avant les ides de mai, les Lémuries. [...] Le rite de mai ne s'adressait pas aux disparus comme à des êtres chers qu'il fallait honorer, mais comme à des lémures, c'est-à-dire des revenants. Il était destiné à empêcher les morts de sortir de leur tombe et de venir hanter les vivants. D'ailleurs, preuve de leur côté sinistre, les Lémuries étaient l'une des rares fêtes qui se célébraient la nuit, précisément à minuit. Ce jour-là, tous les Romains veillaient jusqu'à l'heure fatidique, chez eux, car il ne s'agissait pas d'une fête publique, mais domestique."
"Honorius, le régisseur, tendit à Flaminius une boîte décorée de dessins représentant des divinités bénéfiques figurées sous la forme de jeunes gens dansant. Flaminius l'ouvrit. Elle était remplie de fèves noires. Il en prit neuf dans la main droite et les jeta derrière son épaule gauche en disant d'une voix forte :
Par ces fèves, je me rachète, moi et les miens. Mânes de mes ancêtres, sortez !
Il accomplit neuf fois le même geste en prononçant neuf fois la même phrase, après quoi les serviteurs vinrent tous le saluer et se retirèrent."