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LAOCOON, fils de Priam et d'Hécube, suivant les uns, frère d'Anchise, suivant les autres. Il était prêtre d'Apollon ou de Neptune. Voyant les Troyens prêts à faire entrer dans Troie le fameux cheval de bois que les Grecs avaient laissé sur le rivage, il s'éleva avec force contre cette résolution, et dépeignit cette machine à ses concitoyens comme un instrument de leur perte prochaine ; mais les Troyens, aveuglés, dédaignèrent le sage conseil de Laocoon, et regardèrent son action comme une impiété. Quelques instants après, survint la catastrophe.
Virgile nous montre le grand prêtre de Neptune s'opposant à l'entrée du cheval de bois qui devait causer la ruine d'Ilion, et lançant dans les flancs de l'animal une javeline qui en fit résonner les profondeurs. Sa mort, dans d'horribles souffrances, fut la punition que lui envoyèrent les dieux favorables aux Grecs. (Larousse du XIX°)
" Laocoon, désigné
par le sort pour servir de prêtre à Neptune, immolait
un énorme taureau, près de l'hôtel du dieu,
paré solennellement. Or, voici que de Ténédos,
à travers la mer tranquille, deux serpents... j'en frissonne
encore... s'allongent sur la mer, et, déroulant leurs anneaux
immenses, se dirigent, d'un mouvement égal, vers le rivage
; leurs poitrines dressées contre les vagues et leurs crêtes
sanglantes dominent les ondes; le reste de leur corps, par derrière,
se traîne, et leur croupe immense se recourbe en replis
tortueux. Un grand bruit se fait dans l'élément
salé, qui écume; déjà ils avaient
pris terre ; les yeux ardents, pleins de sang et de flammes, ils
agitaient, dans leur gueule béante, les dards sifflants
de leur langue. Pâles, à cette vue, nous fuyons de
tous côtés; eux, d'une marche assurée, se
dirigent vers Laocoon et d'abord l'un et l'autre monstre, s'enroulant
autour des faibles corps des deux enfants, enlacent leurs victimes,
dont ils déchirent les membres misérables. Puis,
ils saisissent le père lui-même, qui accourait à
leur secours, quelques javelots à la main; ils le lient
de spirales énormes, et, après l'avoir entouré
deux fois par le milieu du corps, après avoir doublé
sur son cou leurs anneaux d'écailles, ils le dépassent
encore de toute la tête et de leur encolure élevée.
Lui alors, ses bandelettes toutes couvertes de bave et de noir
venin, essaye d'écarter avec ses mains les noeuds puissants
qui l'étouffent et pousse vers le ciel des cris épouvantables,
tels que les mugissements d'un taureau qui fuit, blessé,
l'autel, et secoue la hache mal assurée. Mais les deux
dragons en un glissement fuient vers les temples, sur la hauteur,
gagnant la citadelle de la cruelle Tritonienne, où ils
s'abritent aux pieds de la déesse, sous l'orbe de son bouclier.
Alors en nos curs s'insinue une terreur inconnue, qui nous
fait tous trembler; Laocoon a mérité , dit-on, d'expier
son crime : son arme a outragé le chêne sacré,
il a lancé sur l'échine du cheval son épée
criminelle. On crie en chur qu'il faut transporter la statue
à sa place, et implorer la toute puissance de la déesse
! " ( Virgile, Enéide, livre II)
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